dimanche 24 octobre 2010

Kebous et Agora Fidelio aux Trois Baudets

Le 6 octobre dernier, les groupes Kebous et Agora Fidelio occupent la petite et non moins somptueuse scène des Trois Baudets, dans le 18ème arrondissement de Paris. Les deux formations rock, l’une bordelaise, l’autre toulousaine, laissent exhaler, en français, leurs confidences douces-amères sur les expériences de la vie. La salle est comble.

Dès les premières notes jouées par Kebous, une chose est sûre, la qualité du son est indiscutable, la balance parfaite. Cela nous permet d’apprécier plus que décemment un voyage musical qu’il aurait été dommage de manquer. Car, si la voix du chanteur et son phrasé nous maintiennent dans un univers homogène, les compositions sont marbrées de sonorités aux destinations multiples. La présence d’une violoniste, se travestissant parfois en bassiste selon l’écriture, y est pour beaucoup. La polyvalence semble être d’ailleurs de mise, dans le groupe, puisque le batteur s’affaire également autour des machines.
Kebous nous livre ici un ensemble puissant et profond à la fois, en passant par des associations étonnantes, tel que le trio batterie, guitare, violon qui s’avère détonnant et pourtant, si bien inspiré. Le concert s’entrelace savamment de musiques rock, classique, folk et parfois même, trip hop. Sur toute la prestation, seul un morceau semble abuser du mix-up et se perd dans l’excès d’effets, mais on ne leur jettera pas la pierre, ils sont allés au bout de l’expérience. Pour finir, malgré des textes et une ambiance souvent sombres, le chanteur parvient à partager le plaisir qu’il éprouve avec le public ; ce dernier est charmé.

Après une petite heure de Kebous et quelques arrangements plus tard, c’est au tour d’Agora Fidelio de monter sur scène pour nous causer. Mais, dès le début, c’est une drôle de posture que le chanteur adopte pour y parvenir. Il semble en effet qu’il se plaise à nous montrer son dos. Un choix plutôt déstabilisant pour un public non averti. Soudés à un style rock, plutôt power que pop, le contenu de ses lamentations tantôt résignées tantôt écorchées, tantôt murmurées tantôt expectorées, est malheureusement trop souvent inintelligible.
Par ailleurs, l’énergie déployée par les membres du groupe est palpable mais malgré tant d’intensité, il semble qu’elle n’aille pas au delà de la scène, comme si tout ce qui y était donné par les musiciens, l’était pour eux même. À la fin du concert, après avoir atteint ce qui semble être l’apogée émotionnel d’un morceau, l’interprète se penche et s’abandonne alors, non vers nous, mais vers ses pairs. A la sortie, il nous reste comme un arrière-goût, celui d’un groupe tourné sur lui-même, trop pour laisser entrer le public dans son univers. Le passant, non fidèle de la première heure, n’est pas touché, il ne s’est jamais senti concerné.

La petite salle des Trois Baudets, aussi belle soit-elle avait tout de même quelque chose d’inhabituel pour qui allait accueillir du rock : une fois passée la porte, cet “on ne sait quoi” nous pousse inconsciemment à chuchoter pour parler à notre voisin. La superficie et le rouge velours nous contraignent, en effet, à une ambiance empesée qui aura du mal à se faire détrôner. Tout compte fait, ces conditions intimistes inattendues sont des plus appropriées au jeu de la confidence, cependant lorsque certains ne s’y prête qu’à moitié, cela ne pardonne pas… Au final, la sincérité de Kebous l’a emporté, là où la grandiloquence d’Agora Fidelio a échoué.

www.myspace.com/kebous
www.myspace.com/agorafidelio

mercredi 6 octobre 2010

Hal Flavin, Ed-Äke et Opium Baby à l’International

Hal Flavin, Ed-Ake et Opium Baby composaient la French Pop Mission du 13 septembre dernier, à l’International. Du lourd, au sens propre, comme au figuré…

La soirée commence très fort avec Hal Flavin, groupe luxembourgeois qui, loin d’avoir l’énergie dans sa poche, aurait pu enflammer une salle autrement plus grande que celle de l’International. Qu’à cela ne tienne, les décharges électriques nous provenant de la scène sont d’autant plus puissantes. Leur électro rock, distillée via un trio talentueux (guitare, basse, sound system/chant) et fusionnel, flirte avec une trip hop tantôt lancinante, tantôt épileptique. À cela, s’ajoute un jeu de scène simple, efficace et diablement synchro. Il n’y avait pas meilleurs ingrédients pour chauffer la salle !

C’est Ed-Äke qui reprend le flambeau. Celui-ci prend alors des allures de feu de cheminée, d’ailleurs on entendrait presque le bois craquer… Avec leur son plutôt folk que rock - du moins ce soir - l’ambiance change tranquillement de ton. À cheveux ou à chapeau et même parfois les deux, les cinq musiciens diffusent un set carré, de qualité, qui fonctionne. Seul hic : les fameux cheveux, dissimulant trop souvent les yeux du chanteur, entravent la circulation des émotions avec le public. Et si on finit par remarquer, qu’en réalité, pas un sur scène ne semble heureux d’être là, le désamour n’est plus très loin… à moins d’être convaincu qu’ils tiennent là un sacré style.

C’est le groupe pop rock Opium Baby qui s’occupe des braises encore incandescentes et qui tentera, avec difficultés, d’en libérer quelques flammes. Grisé par la fraiche sortie de leur premier album, chaque geste, chaque regard sonne malheureusement faux. L’exaltation du bassiste s’apparente davantage à une surchauffe, quant à l’attitude du chanteur, on ne peut pas dire qu’elle respire le naturel, c'en est tout simplement ridicule. Par chance, le guitariste, lui, n’en fait pas trop, un soulagement parmi la mascarade. Côté set list, le morceau le plus ardent « Cast the Dice » est joué en avant dernier, précédant une ballade, un peu frustrant.

Une fois encore, la French Pop Mission nous a donc offert, ce soir là, un triptyque aux styles pour le moins éclectiques. Le plus grand nombre aura pu y trouver de quoi échauffer oreilles et mirettes, de quoi bouillir de plaisir mais, parfois aussi, d’agacement.


http://www.myspace.com/halflavin
http://www.myspace.com/edake
http://www.myspace.com/opiumbabyfrance