jeudi 10 décembre 2009

Casser du sucre sur Brokencandys ? Impossible !

Samedi 05 décembre, le tremplin Sounds Good a pris de l'avance et nous a offert notre premier cadeau de Noël: programmer le groupe electro/trip-hop Brokencandys au Cithéa Nova de Paris.
Cinq garçons, dont deux à la guitare, un à la basse, un à la batterie et un dernier aux platines ont, sans emphase, enflammé la scène d'un bar ultra-bondé. Mêlant des rythmes forts à des riffs de guitare éthérés, leur musique accomplit la prouesse de faire voyager un public vers de douces contrées, sans qu'il ne cesse de bouger ! En fin de prestation, l'électro de Brokencandys flirtant dangereusement avec des sons rocks, emmenait avec elle une assemblée totalement emballée. Étonnamment, c'est seulement la seconde fois que le groupe monte sur scène et c'est pourtant avec un grand naturel que chacun des membres occupe l'espace et communique avec le reste de la salle.
Après avoir fait une apparition sonore dans la matinale de Canal Plus, Brokencandys s'attaque pour de bon à la scène. Quelques autres dates pour gagner en maturité, quelques titres en plus pour être en mesure de faire des rappels et il n'est pas impossible que des gens comme Air, Wax Tailor ou autre Massive Attack aient du souci à se faire !










Album : Kitch is Fashion (03/2009)
MySpace : http://www.myspace.com/brokencandys

lundi 2 novembre 2009

District 9

De nos jours, en Afrique du Sud, l’agent Wikus van der Merwe en bon fonctionnaire obéissant de la MNU, société militaire privée, est missionné pour déloger les « non humain » du District 9. C’est dans l’urgence que ce camp de réfugiés, un peu particuliers, fut créé et confié à la MNU, 28 ans auparavant, pour accueillir ceux dont le vaisseau avait échoué entre deux airs de notre ciel. Les portes de celui-ci, cédant aux multiples assauts militaires, renfermaient en effet toute une population d'extraterrestres sous-nutris, à l'article de la mort. On découvrit, également à bord, un véritable arsenal qu'eux seuls pouvaient faire fonctionner ; une énigme génétique qui a toujours animé la convoitise de la MNU et de certains groupuscules dissidents sud-africains.
Mais la cohabitation inter-espèce est de plus en plus conflictuelle et la guerre civile n'est pas loin d'éclater. Pour éviter le pire, le gouvernement et la MNU organisent une évacuation "en règle" du District 9, vers un camp isolé et plus militarisé. Mais lors de sa mission, l'agent van der Merwe se retrouve par accident, au contact d'une subtance extra-terrestre. Après deux ou trois spasmes, il se pense sorti d'affaire mais le soulagement laisse vite place à l'effroi : ses gènes sont en pleine mutation. Le voici donc devenu l'être le plus intéressant du monde aux yeux de la MNU et des rebelles, l'enfer peut commencer...

Immerger le spectateur, dès le départ, dans un monde censé être le sien, à coup de vrais faux reportages-télé efficaces, aurait pu être une bonne idée. Cependant, mis devant le fait accompli par un développement voulu non assommant et qui s'avère au final trop brutal, celui-ci ne fait que subir cette datation originale. Toute la phase d'introduction en devient alors peu crédible et dessert l'empathie pourtant recherchée. Pas d'inquiétude, le cerveau, faisant bien ce qu'il veut, s'arrange de cette contrainte et pose l'action dans un temps inconnu qui lui permet d'apprécier la suite du film... Durant lequel, d'ailleurs, on sera forcé de noter que les aliens, aux allures de gambas désaffectées, ont été finement étudiés. Le choix de leur esthétique est si judicieux, que c'est étonnamment par ce biais-ci que se joue le réalisme des scènes.
Malgré un scénario plutôt faible, animé de fausses complications comme de véritables facilités, le spectateur est constamment tenu en haleine, au moyen d'une mise en scène rebondissante et colorée, et grâce à l'excellente performance de Sharlto Copley. L'acteur principal fait effectivement évoluer son personnage de façon imperceptible alors qu'il passe du blanc au noir :
l'employé heureux, voire niais, du début se métamorphose en animal acculé par la crainte, élaborant des réactions dont on l'aurait cru incapable, et cela, en toute cohérence.
En bref, voici un bon film de science-fiction dont la qualité divertissante est indéniable mais qui aura malheureusement dû bâcler sa fin pour convenir aux codes, pourtant éculés, des films d'action américains à gros budgets.

DISTRICT 9
Sortie le 16 septembre 2009
Réalisé par Neill Blomkamp
Avec Sharlto Copley, David James (II), Jason Cope
Long-métrage américain, néo-zélandais.
Genre : Science fiction
Durée : 1h50 min

mardi 20 octobre 2009

Prince - All Day, All Night

Conquis par le Grand Palais alors qu'il assiste au défilé Chanel mercredi 07 octobre, Prince se met en tête qu'il y donnerait bien une représentation ou deux... Une journée suffit alors pour tout organiser et le vendredi suivant, à 10h, les 11 000 places allant de 99€ à 149€ commencent à partir plus vite que des petits pains pour deux représentations, le dimanche 11 octobre, l'une à 17h00, l'autre à 22h00. Il intitulera le tout "All Day, All Night". 77 minutes plus tard, toutes les places sont vendues.

N'ayant pas eu, personnellement, le courage de me tapir dans les toilettes de l’édifice jusqu'à 22h, pour assister au second, tout ce qui suit concerne uniquement le premier show.
Arrivés à 13h40 avec mes acolytes (ouverture des portes à 15h30), nous avons eu, certes, le loisir d'admirer les talents de gruge par un Guillaume Canet scotché à son sandwich mais nous avons surtout pu mesurer physiquement l'engouement face à l'évènement : une heure avant l'ouverture des portes, le Grand Palais était complètement assiégé par une foule brassant trentenaires, quadra et quinqua.
Enfin arrivés sous la fameuse verrière, un léger brouillard de fumigène vient s'emparer de notre perception et donne le ton. Nous passons devant les quelques gradins, bien moins nombreux que nous ne l'avions imaginé et prenons place pour patienter encore une heure. Une bonne vingtaine de têtes déjà peuvent se compter entre la scène (qui semble un peu plus haute que les scènes standard...) et nous.
A 17h00, peu ou prou, la Star ne fait pas sa Diva et arrive sous les rugissements du public... Des lumières violettes, de chaque côté de la scène, attirent notre regard, les enceintes se mettent en branle, la tension monte et les musiciens sortent sous les applaudissements, suivis des choristes puis du Kid de Minneapolis déjà armé de sa guitare.

C'est sans attendre qu'il échange avec son public et lui fait répéter ce qui deviendra l'hymne de la soirée : "All day - All night - you could be my Baby - and I'll make you feel alright !" En même temps, Prince, en véritable maitre du son, commande les derniers réglages pour chaque instrument et c'est avec Why do you treat me so bad qu'il démarre le show.
Pendant 1h40 s'enchaînent alors de nombreux morceaux de la première époque, sans pour autant être les plus connus. Etonnamment, aucun titre du dernier album "Lotus Flower" n'est joué lorsque l'on aurait pourtant bien entendu le funky Feel good, feel better, feel wonderful. De récent, Prince n'aura en fait choisi que deux morceaux de son album "Planet Earth" (l'avant-dernier) : Guitar, à l'intro totalement électrisante, et The one u wanna C, aux accents country. Le groupe emmené par une star toujours souriante et détendue s'est également fait quelques plaisirs en reprenant, tels des interludes, des classiques disco et funk comme Le Freak de Chic ou Shake your body des Jacksons. La reprise la plus surprenante fut celle du titre What have you done for me lately, de Janet Jackson, dont ils ont réussi à ôter l'esprit synthé des années 90. Au milieu du concert, Prince offre à son groupe quelques instants de repos bien mérités et occupe la scène à lui seul pour nous livrer deux ballades dont la magnifique Sometimes it snows in April qui nous donne alors l'occasion d'apprécier l'étendue de ses capacité vocales, passant du castrat au baryton. Très naturellement, c'est du public connaisseur que proviennent les chœurs, comme susurrés, derrière la voix du soliste ; l’ensemble est juste sublime.
Ne se privant pas de s'adresser à l'assemblée dès que ça lui chante, Prince fait de ce concert un moment intime en faisant preuve d'une générosité qui contraste avec l'image narcissique qu'on peut lui prêter parfois. Le public assiste alors non plus au show d'une méga star mais au concert d'un artiste funky qui s'éclate simplement sur scène.

En revanche, malgré tout cet enthousiasme, on est bien obligé d'avouer que Le Grand Palais n'est définitivement pas un endroit adéquat pour les concerts : la magnifique architecture ne ravit effectivement pas aussi bien les oreilles que les yeux ! Et les savants réglages opérés par Prince lui-même n'ont rien pu faire contre l'effet cathédral sur le rendu acoustique : les aigus s'éparpillent et les basses sont brimées...
Par ailleurs si l'arrivée de l'artiste sur scène a véritablement emballé l'assemblée, une bonne part de celle-ci s'est vu ensuite prise d'une inertie incompréhensible, heureusement interrompue par les sporadiques "clap your hands" ordonnés par un Prince allant jusqu'à lâcher la guitare, entre deux accords, pour y joindre le geste ! Le public n'était manifestement pas composé en majorité de fans : l'annonce du concert surprise, dans ce lieu prestigieux, semble avoir malheureusement attiré une foule de chasseur de "place to be" plutôt coincés! Une circonstance atténuante pourrait néanmoins jouer en leur faveur : la lumière du jour présente tout du long a pu en inhiber certains et expliquerait, peut-être, cet immobilisme latent, indigne de la prestation qui se jouait devant nous.


Au final, tout ce talent concentré dans un seul homme, pourtant si proche de son public, aura eu raison des quelques bémols énoncés précédemment et qui sont, en réalité, à imputer à la soudaineté de l'évènement. Soudaineté qui révèle, chez Prince, une spontanéité qui se fait, avouons-le, de plus en plus rare chez les artistes de son envergure. Chapeau bas.

La playlist :

-Why do U treat me so bad
-I feel for U
-1999
-Take me with U
-Le Freak (Chic)
-Play that funky music (Wild Cherry)
-Controversy
-The one u wanna c
-(Balade non identifiée)
-Sometimes it's snows in April
-Guitar
-Let's work
-Rasperry Beret
-c-o-o-l
-I could never take the place of your man
-All the critics love U in "Paris"

1er rappel:
-Kiss
-Shake your Body (Let's dance, let's shout)
-What have u done for me lately

2ème rappel:
-Cream
-U got the look

dimanche 4 octobre 2009

Vogue Covers

Jeudi 01 octobre, le magazine Vogue créait l'extra-événement de la semaine. En cette date stratégique qui rimait avec le premier jour de la fashion week de Paris, l'inauguration de l'exposition Vogue Covers sur l'avenue des Champs-Élysées allait faire manquer le défilé printemps été 2010 Nina Ricci à Peter Lindbergh, Patrick Demarchelier, Carine Roitfeld et Daria Werbowi !
Mais c'était bien là, en plein air, que le défilé le plus intéressant avait lieu : celui des 80 couvertures les plus marquantes de Vogue parues depuis la naissance du célèbre magazine, en 1920.

Dans une installation simple mais efficace, à la manière d'un mannequin, le visiteur déambule sur les Champs-Élysées comme sur un podium; de chaque côté les covers l'observent, tels les privilégiés de la front row, et une fois arrivé au bout, il tourne irrémédiablement les talons pour faire chemin inverse et se montrer aux versos des covers déjà croisées qui lui dévoilent de nouveaux visages.

Tour à tour corrosives, féministes ou provoquantes mais toujours esthétiques, engagées et témoins d'une époque, ayant sollicité le talent de nombreux grands artistes - tels que Chagall, Benito, Robert Doisneau, David Hockney, Joan Miró, Andy Warhol ou encore Salvador Dali - pour illustrer leurs points de vue, ces couvertures nous offrent alors un voyage dans une France oubliée, parfois ignorée, et cela durant quelques centaines de mètres, en nous rappelant que la voix de la mode et son influence n'ont jamais été réellement futiles, en nous apprenant que sous le régime de Vichy, en signe de contestation, le magazine n'est pas paru et en nous faisant finalement regretter le souffle de rébellion qui animait le Vogue il n'y a pas si longtemps et qui, aujourd'hui, tend à s'effacer pour faire la part belle aux paillettes...


Du 1er octobre au 1er novembre 2009
Avenue des Champs Elysées, Paris
Entrée libre