mardi 14 décembre 2010

Peace, love, and Fistful of Mercy

Ce dimanche 5 décembre, c’était à la Cigale qu’il fallait être pour prendre de bonnes vibes en pleine tête ! Si vous n’y étiez pas, vous avez manqué un trio détonnant composé de Joseph Arthur, un touche-à-tout comptant pas moins de 14 ans d’une carrière atypique, de Dhani Harrison, fils du Beatle du même patronyme et digne héritier de son père et, enfin, de Ben Harper que l’on ne présente plus. Cette réunion, véritable bouillon de talents, se fait également appeler Fistful of Mercy. Il n’y en aura pas pour tout le monde.

Il sont donc trois sur le papier mais, sur scène, on en compte quatre : la violoniste Jessy Greene les rejoint en effet, pour près d’1h45 de concert, telle un satellite néanmoins indispensable à la mise en orbite du son du groupe. Et c’est véritablement un voyage que ce quatuor nous offre là.
Les trois gars sont assis sur leur tabouret, face public. Arthur et Harper portent la chemise et le chapeau, arborant un look cowboy, quant à Harrison, il a également sorti la chemise mais, exhibant sa longue chevelure noire, il jouerait plutôt l’indien… Des airs de saloon, donc, viennent envahir la scène de la cigale et gagnent vite les rangs du public. La musique s’échappant de ce beau tableau vient en effet s’y accorder sans fausse note. Nous assistons alors, morceau après morceau, à une impressionnante danse des instruments, les trois guitaristes n’ont de cesse d’alterner les guitares quand ce n’est pas pour se mettre au piano (Harrison), aux percu’ (Arthur) ou à la basse (Harper). Ben Harper, fidèle à lui même, ne tarde pas à empoigner sa redoutable Weissenborn (guitare acoustique se jouant à plat sur les genoux). Le son si particulier qui s’en libère est ici, d’un à propos absolu et vient, pourtant, bouleverser le paysage sonore comme pour la première fois, et ça, à chaque coup. Quant à la demoiselle gravitant autour des trois lurons, brune ténébreuse flanquée d’un violon endiablé, elle sublime tout simplement le décor ainsi planté. Le tout donne naissance à une musique indéfinissable qui se trouve aux croisées de la Folk, la pop, du bluegrass et du rock, quelque part, hors du temps.

Mais il y a autre chose encore qui nous transporte bien loin de notre quotidien - voire de notre quotidien de live : sur scène, tout est simple, pas de lubie quelconque, ici pas de manière. L’alchimie entre ces trois là est indiscutable et l’ambiance bon enfant qui en émane rayonne sur la salle entière. Ils blablatent, ils se vannent et se marrent, en réalité, les mecs se font un trip musique, entre potes, et on est bien content d’être de la partie.
Mais avec les neufs titres de leur album, ils étaient quand même un peu courts ces bougres, pour satisfaire une Cigale pleine à craquer… C'est qu'ils avaient plus d’un tour dans leurs chapeaux ! Ils ont effectivement étoffé leur set list en interprétant, ensemble, quelques morceaux appartenant au répertoire de chacun mais aussi en reprenant, notamment, Bob Dylan et PJ Harvey.

Du début à la fin, la soirée fut gorgée d’une authenticité éclatante, elle-même portée par cette espèce de force tranquille, que dégageait l’équipe de joyeux drilles.
Juste avant de partir, ils se font prendre en photo par un des roadies, dos au public. Sur ce tableau final, qu’ils ont voulu immortaliser, on les imagine, non pas devant le public mais bien, avec lui. C’est en tout cas sur ce sentiment de partage, quasi fraternel, qu’ils quittent la scène, empoignant quelques mains et signant quelques autographes.