mardi 27 avril 2010

Le Sentier des Halles a trouvé le chemin du rock

Mardi dernier, c’est à guichet fermé que les groupes Redlight, Opium Baby et Junolips ont fait brailler la guitare au Sentier des Halles de Paris, cela devant un public visiblement ravi de prendre du gros rock en pleine tête…

La chauffe, c’est Redlight, le groupe marseillais, qui s’y colle, logique thermique finalement… Mais pour eux, peu importe l’endroit, ça bouillonne et ça se voit. C’est en flot tendu que Londres, le chanteur, déverse un chant courtisant un phrasé hip hop alternatif, le corps totalement aspiré par lui même, où seul le poing vient s’agiter autour d’un front tourmenté.
Pourtant, cette énergie concentrique provoque des effets secondaires. A trop regarder dans la même direction, les instruments finissent par se confondre. Quant à la voix, au timbre ténébreux que l’on imagine idéal pour du métal, ainsi posée sur ce rock électro testostéroné, elle ne fait que confirmer le ton sur ton général. L’effet bloc parvient tout de même à se diluer dès que la voix du batteur se fait entendre. Une contribution qu’il serait peut-être bon de revoir à la hausse… !

Opium Baby reprend le flambeau sans jamais l’affaiblir, exhibant illico une communion évidente entre les membres du groupe. Sans crier gare, Alan, au chant, nous sert des envolées radioheadesques planant sur des variations rythmiques bien senties et sur des mélodies recherchées seyant assurément au live. David, à la basse, nous clame quelques lyrics au mégaphone, un bonus plutôt sympa. On regrettera seulement que certaines originalités des compositions aient été poussées à dépasser le rang d’anecdote : traînant alors en longueur, plutôt que de faire durer le plaisir, elles y perdent en éclat… Et quand Thom York glisse vers Scorpion, ça peut faire mal !… Mais au final, on adore leur rock dance floor attisé par un Alan métamorphosé en David Guetta du rock : l’assemblée est conquise.

Le bouquet final est donc assuré par Junolips et au nombre de spectateurs ayant quitté prématurément les lieux, la mission n’était pas gagnée d’avance… Mais c’était ignorer la puissance fédératrice du groupe emmenée, au chant, par une boule de nerfs ne demandant qu’à exploser, j’ai nommé Nicolas Donarier. Un regard rageur animant un visage angélique, un corps parcouru par une électricité punk, ajoutez à cela une adresse naturelle et chaleureuse au public, que le style plaise ou pas, l’adhésion à la prestation live est tout simplement inévitable. Et puis, il n’y a pas à dire, lorsqu’il est bien écrit et déclamé avec la bonne énergie, le rock en français, ça marche aussi et ça fait du bien d’en voir la preuve.

En somme, même si l’ensemble de la soirée manquait peut-être un peu d’étincelles, chacun y est allé de son riff corrosif et de sa ligne de basse ardente, tapissant le tout de braises électro. Ce soir là, aucun doute, le Sentier des Halles a bel et bien pris feu.

lundi 5 avril 2010

Nosfell, l'expérience

Le soir du 27 mars, dans le cadre du festival Chorus, le Magic Mirror – scène éphémère installée sur le parvis de la Défense – accueillait les têtes d’affiche Nosfell et Izia précédées du groupe The bewitched Hands on the Top of our Heads. Si, si. Et si chacun d’eux nous a bien envoyé des décharges de rock, avec une patte et une ambiance propre, pas de doute, Nosfell pose la griffe bien plus haut…

Pierre Le Bourgeois au violoncelle et à la basse, et Orkhan Murat à la batterie sont venus assister le joyeux drille Nosfell pour près d'une heure d'un set pour le moins inhabituel...
D'abord, sans crier gare c'est l'hyper puissance de la grosse caisse qui vient nous percuter pour ensuite s'emparer de notre être tout entier. Puis le jeu enchanteur du violoncelle surgit pour nous tourmenter quand le coup de grâce nous est donné par Nosfell en personne. Ou plutôt tout en personnages…
Au fil de la représentation Nosfell joue effectivement de sa voix pour la panacher d'identités fortes, faisant alors dans la dissonance harmonieuse. Cette voix si douce, voire fragile, se mue en profondément sombre et écorchée pour bondir, ensuite, vers un hyper aiguë sautillant, laissant lui-même place à un grave agressif quasi métal qui, enfin, se renverse en divine diva. C’est indéniable, Nosfell nous livre là une performance vocale à la fois intime et éclatante de contrastes.
Mais la polyvalence de ce troubadour de l’expérimental ne se limite pas aux fluctuations de sa voix. En une heure de temps, il aura gratté les cordes de trois guitares différentes : les basiques sèche et électrique mais aussi la très folklo cigar box ! Le mélange des instruments, et notamment l’association peu commune du violoncelle à la guitare électrique et à la batterie, rend, sur scène, un son classique et rock pour le moins déstabilisant et carrément envoûtant. Quant à la rythmique, elle est orchestrée d’abord par une batterie dont les frappes syncopées tournent au tribal, mais également par un human beat claquant et grondant, enregistré en direct par Nosfell puis samplé, parfois enrichi et toujours entêtant.

Ce soir là, Nosfell et ses acolytes nous ont offert un voyage musical qui semblait aller au-delà des frontières terrestres mais qui, en réalité, nous a ramené au plus profond de nous-même, nous réconciliant alors avec un instinct purement réjouissant…
Expérimental, brut et sophistiqué à la fois, mais surtout inqualifiable, un live de Nosfell est tout simplement une expérience qu’il faut se donner la chance d’apprécier.
En bref : osez !

www.myspace.com/nosfell
www.nosfell.com