lundi 15 novembre 2010

Pony Pony Run Run au Zénith de Paris

Vendredi dernier, on avait hâte de voir ce que pouvait donner le groupe électro français dont le nom courait sur toutes les bouches, depuis leur récompense, aux Victoires de la Musique 2010. Une fois devant, la seule hâte que l’on a éprouvée était celle de partir. Heureusement, les premières parties « The Popopopops » et « Tahiti 80 » nous ont évité un vendredi soir totalement ruiné.

Véritable révélation de la soirée, les Popopopops, bretons anglophone dont la moyenne d’âge dépassait difficilement la vingtaine, ont, avec leur pop électro, débordé d’une énergie à faire pâlir les groupes de BoBo trentenaires qui allaient prendre la suite !
Vingt minutes plus tard, ils laissaient place aux Tahiti 80, les aînés de la soirée, qui électrisent les scènes du monde entier depuis le succès de leur album Fosbury, en 2005. Beaux joueurs, ils sont venus faire la première partie des jeunots Pony Pony Run Run. Toujours aussi frais pourtant, ils en ont profité pour nous jouer trois nouveaux morceaux présents sur le mini-album qu’ils viennent de sortir, « Solitary Bizness », ils ont bien fait. Le live leur donne une sensualité un peu sombre, moins présente sur la version studio. Après une bonne demi-heure d’un jeu emballé et spontané, ils quittent la scène en n’oubliant pas de se présenter à la foule adolescente amassée devant eux. Encore une initiative avisée.

Tahiti 80 au Zenith from :Davi:Dine on Vimeo.

Après s’être fait longuement désirer, les Pony Pony Run Run font leur entrée sous un dispositif de lumières sophistiqué et efficace. Mais les premières notes nous indiquent que la qualité du son sera nettement moins réjouissante. La balance est terne, sans subtilité : la voix, les instruments, tout est dans le même panier. On remarque simultanément que le chanteur porte des lunettes de soleil. Non, ce n’est pas comme ça, juste pour le fun, sur le premier morceau : il ne les quittera jamais de tout le concert ni même ne jouera avec. Avait-il besoin d’une barrière entre lui et le public ? Ce mystère n’a aucun charme.
Pour le premier titre du set, un des musiciens du groupe Saycet a été invité à monter sur scène. Ce qui aurait pu être, ici, un moment d’échange entre musiciens d’horizons divers, n’a servi à rien. Au final, Pony Pony Run Run passent pour de grands seigneurs et le guest, présenté seulement à la fin de sa performance, pour le type qui a gagné un concours lui permettant de jouer à leur côté ! En bref, les prémices du concert manquent cruellement de simplicité et contrastent nettement avec le naturel des groupes précédents. Mais le pire était encore à venir…

Le chanteur n’a de cesse de jouer avec le public comme il le ferait avec de stupides marionnettes : levez les mains, faites ci, faites ça, allongez-vous, ce à quoi on entend répondre un « oh les relou ». A la fin le boute-en-train de service nous exhortera alors à danser, mais mieux que la dernière fois où il l’avait déjà demandé… C’est alors clair comme de l’eau de roche : même pour animer un camping, le brave garçon aurait été très mauvais. Apparemment le naïf n’a pas saisi que, lors d’un concert, le public bouge quoi qu’il arrive, du moment qu’il apprécie ce qu’il voit sur scène. S’il ne le fait pas de lui même, le calcul est vite fait.
Clou du spectacle, on aura même droit à une spéciale dédicace, aux ingés, aux amis, à la famille, avec tous les prénoms ; bref, on se serait cru sur le plateau du Juste Prix, manquait plus que Philipe Risoli. Donc, on l’aura compris, pour ce qui est de faire autre chose que de chanter devant un micro, le jeune homme a encore bien du boulot.


Mis à part ces quelques désagréments, la prestation musicale du groupe en général, tendait plutôt vers le… « bof, sans plus ». À aucun moment on ne se sent emporté ailleurs qu’à la reproduction, en live, d’un album qui sonne d’ailleurs bien mieux dans notre salon. En réalité, la tension présente dans les morceaux originaux a totalement disparue, le concert est à plat. À deux moments distincts (début et fin), ils parviennent pourtant à faire ressembler le zénith à un dance-floor. On se demande s’ils n’auraient pas dû suivre cette voie plutôt que d’osciller entre cette euro-dance et une électro-pop plus soft. Cette hésitation a sans doute participé, tout comme leur balance, à rendre l’ensemble parfaitement tiède.

Il y a fort à parier que si tous les (très) jeunes gens qui composaient leur public n’étaient pas venus là, dans la ferme intention de s’amuser quoi qu’il arrive, cela aurait été un véritable carnage… Mais cela, on ne le saura jamais et toujours est-il que, quelle qu’en soit la raison, nombreux étaient ceux qui affichaient un large sourire.
Pour ma part, j’ai failli partir avant le rappel (au bout d’une heure, à peine). C’est l’espoir du mieux qui m’a fait rester. Pas assez convaincu, je partais, boudant le second, comme pas mal de ces visages précédemment souriants, d’ailleurs.
Ceci n’aura pas empêché un de leur titre de se glisser dans ma tête, toute la journée du lendemain… Mais Pony Pony Run Run en live, on ne m’y reprendra pas de sitôt.

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